Annulation de spectacles, licenciements, faillite… l’année 2020 a été particulièrement difficile pour Le Cirque du Soleil. Comment les artistes français qui ont travaillé avec la compagnie internationale ont vécu l’enchainement de ces mauvaises nouvelles ? Morgane, Naël et Audrey nous en parlent.
Un choc pour tout le monde
Ce sont 44 spectacles du Cirque du Soleil qui ont été annulés en raison de la pandémie et quelque 3500 employés qui ont été mis à pied. Ne générant plus aucun revenu et déjà très endettée, la compagnie a donc demandé à être placée sous la protection de ses créanciers. Même si la situation du milieu du spectacle était évidemment critique depuis le début de la crise, les circassiens qui ont travaillé avec le Cirque ont tous été très surpris. « Quand j’ai appris la faillite du Cirque, j’étais choquée. Je savais qu’il avait des dettes et que la situation du virus n’était vraiment pas bonne, mais je ne m’attendais pas à un arrêt si brutal », raconte Morgane qui a travaillé sur les spectacles LOVE et Crystal au cours des 4 dernières années. Naël abonde : « Personne ne s’attendait à ce que ça s’écroule ».
Acrobate sur la version allemande du spectacle Paramour du Cirque du Soleil au début de l’année, Audrey a soudainement perdu son emploi principal. « Le plus dur était de réaliser que vous avions fait notre dernier show sans le savoir. Et puis également l’incertitude de ne pas savoir quand sera la prochaine fois sur scène », explique l’artiste.
Les trois artistes de cirque ont été d’autant plus touchés que le Cirque du Soleil représentait pour eux un job rêvé depuis l’enfance.
Un rachat qui rassure
Le 24 novembre dernier, le Cirque du Soleil a annoncé la fin de la protection contre ses créanciers, finalement racheté par un groupe mené par la firme torontoise Catalyst Capital Group. Morgane et Audrey se disent déçues que le Cirque n’appartienne désormais plus du tout à des actionnaires québécois. Cependant, elles sont heureuses de voir qu’un avenir existe pour la compagnie. « Je trouve cela dommage, mais au moins le Cirque du Soleil est « sauvé » et je pense que cela est le principal », exprime l’acrobate.
Les nouveaux propriétaires ont annoncé laisser en poste le président et chef de la direction Daniel Lamarre et garder Montréal comme siège social. Une décision qui ravit Naël, clown et équilibriste : « Sortir le Cirque du Soleil de Montréal, c’est dénaturer Montréal. Montréal est une ville de cirque reconnue à l’international en partie grâce au Cirque du Soleil », explique l’artiste qui a travaillé sur les spectacles Viaggo et Sonor. Audrey parle même d’une « petite mort pour le Cirque » si celui-ci avait dû déménager son siège social. « C’est l’endroit où depuis des années tout est créé que ce soit sur le plan artistique, émotionnel, relationnel, social. L’endroit où la magie est créée », poursuit-t-elle.
« Ça va repartir ! »
D’après nos 3 interprètes, l’avenir du Cirque du Soleil n’est pas en danger. Optimistes, ils espèrent tous que la machine puisse repartir un jour. « Je vois un bel avenir pour le Cirque du Soleil qui saura se remettre sur pieds en prenant en compte et en apprenant des erreurs qui ont pu être faites dans le passé », développe Audrey. Morgane, quant à elle a « hâte de voir ce que l’avenir réserve dans les prochaines années ». Pour Naël, il faut encore être patient et donner « le temps au temps », mais il est convaincu que le Cirque du Soleil va repartir. « Le Cirque du Soleil va se relever, c’est certain ! Y’a pas de raison si c’est bien géré, conclut-il. Et le public sera au rendez-vous, j’en suis persuadé !»