Picolo ? C’est le pari fou de trois copains qui ont décidé de se lancer dans la production de cadres de vélo… en bois. Oui, en bois. Bien que cela semble contre-intuitif, les concepteurs de ces superbes cadres de vélos défendent les qualités intrinsèques du bois. Maudits Français s’est assis avec eux pour en savoir plus.
“La problématique du marché du vélo aujourd’hui est que les vélos vendus sont performants mais pas confortables,” explique Loïc Dehoux, co-fondateur. Nicolas Goupil, le Lorrain, et Loïc Dehoux, le Breton, aiment s’échapper d’un tour de roue sur les routes québécoises dès qu’ils ont le temps.
Tous deux installés au Québec depuis plus de 30 ans à eux deux, ils se rencontrés ici, dans une ébénisterie, et décident de fonder leur entreprise. “C’est Nicolas, l’ébéniste de profession,” explique Loïc Dehoux. “Moi, j’ai toujours aimé travaillé le bois en dilettante,” mais après une carrière dans les relations médias, Loïc Dehoux décide de reprendre des études dans l’ébénisterie.
Picolo a été lancé voilà 3 ans, presque par hasard. “En fait,” explique Loïc Dehoux, “on a d’abord fondé l’ébénisterie Amik avec Nicolas, il y a 5 ans.” Cette ébénisterie ouvre ses portes à ceux qui souhaitent travailler sur leurs projets personnels en leur louant un petit coin d’atelier. Débarque Pierre Laplante qui souhaite se fabriquer un cadre de vélo en bois.
“Après 6 mois de travail, Pierre n’avait plus les fonds pour se financer et c’est là que Nicolas et moi on a décidé de s’associer à lui pour développer ces cadres,” explique Loïc Dehoux. “On trouve que les vélos en carbone ou en alu ne sont pas confortables,” explique Loïc Dehoux. Et le bois, selon Loïc Dehoux, permet d’amener ce confort en plus d’une résistance renforcée aux chocs.
Pour prouver leur théorie, leur vélo a subi de nombreux tests en laboratoire, mais le test le plus réel, c’est le Paris-Roubaix. L’un des concurrents, avec le fameux cadre en bois, s’est engagé en Avril 2017. “Le coureur a fini la course sans casser le cadre,” s’est réjoui Loïc Dehoux, même si Cédric Guerin a eu quelques problèmes avec… sa caméra sur les pavés.
Entre la version que Picolo présente aujourd’hui et leurs premiers essais, un monde les sépare. Des évolutions sur le matériau utilisé, notamment, comme l’explique Loïc Dehoux : “au début, on a utilisé un morceau de bois massif en frêne américain blanc puis, après différents tests, on s’est aperçu que le bois laminé-collé rendait le cadre plus résistant.” Le bois laminé-collé veut simplement dire que différentes lamelles de la même essence de bois sont compressées les unes contre les autres, alors que le bois massif est l’utilisation d’une planche de bois d’un seul tenant.
C’est donc avec la version troisième du nom qu’ils vont se lancer dans la commercialisation de leur produit. Même si, souligne Loïc Dehoux, ils roulent toujours avec leur premier prototype.
Ils ont opté pour le frêne américain blanc car c’est un bois couramment utilisé de ce côté-ci de l’Atlantique, pour la fabrication de battes de base-ball et d’outils. “Parce que cette essence a une bonne capacité d’absorption des vibrations,” explique Loïc Dehoux.
Mais, c’est pas trop lourd un cadre en bois ? “Non,” répond Loïc Dehoux, “parce que le cadre est creux.” En plus, l’ingénieur de la bande continue de travailler sur le cadre pour l’optimiser, notamment au niveau performances.
“Le marché qu’on vise, c’est celui des vélos de compétition, ou de ceux qui font du vélo de route très régulièrement, disons”, explique Loïc Dehoux. Effectivement, au prix de $4 500 pour le cadre et la fourche avant, ce n’est pas à la portée de toutes les bourses.
Cependant, Loïc Dehoux et Nicolas Goupil ont plus d’un tour dans leur sac. “On réfléchit à d’autres modèles de vélos, peut-être une gamme vélos de villes, moins chère,” explique Loïc Dehoux. Et parce qu’un cadre en bois, c’est bien joli, mais ce n’est pas suffisant, ils pensent déjà à quelles autres parties du vélo ils peuvent remplacer par du bois. Mais, chut, c’est un secret…