Ce jeudi 16 août, le conseil d’administration d’Air France KLM a désigné Benjamin Smith, numéro deux d’Air Canada, à titre de nouveau dirigeant du groupe franco-néerlandais. Il succède à Jean-Marie Janaillac dont le poste était vacant depuis mai 2018. Ce spécialiste canadien de l’aérien, âgé de 46 ans, est notamment connu pour avoir développé Air Canada Rouge, la marque low-cost de la compagnie à la feuille d’érable.
“Benjamin Smith prendra ses fonctions chez Air France-KLM au plus tard le 30 septembre 2018”, a indiqué Air France-KLM dans son communiqué, précisant que l’évolution des contours de la présidence non exécutive du groupe sera annoncée “dans les meilleurs délais”.
Selon sa biographie rédigée par Air France-KLM, Benjamin Smith – surnommé “Ben” ou “Ti Ben” – a débuté sa carrière en 1990 chez Air Ontario en parallèle de ses études (NDLR : à la Western Ontario) et a créé, en 1992, sa propre société de voyages pour les entreprises dont il s’est occupé pendant 8 ans. En 1999, il a en parallèle pris un rôle de conseil pour Air Canada pour finalement rejoindre le groupe en 2002.
Face à sa nouvelle mission en tant que patron d’Air France-KLM, Benjamin Smith a déclaré être “plus qu’enthousiaste”. “Air France et KLM sont deux très grandes compagnies aériennes, reconnues dans le monde entier pour le professionnalisme et l’engagement de leurs équipes. Je suis conscient que le Groupe fait face actuellement à des enjeux de compétitivité, mais je suis convaincu que les équipes de toutes les compagnies du Groupe ont tous les atouts pour réussir dans le grand marché mondial du transport aérien. (…)”. L’une des ses premières missions sera, en effet, de rattraper le retard pris par le groupe aérien français face à ses concurrentes européennes, British Airways et Lufthansa.
“un dirigeant dur mais pas méchant”
Sur Le Parisien, on apprend que Benjamin Smith serait connu pour être “un dirigeant dur mais pas méchant”, d’après un employé du groupe Air Canada qui a témoigné sous couvert d’anonymat. “Mais je vous préviens, chez Air France, ça va détonner, lâche cet employé. Il sait faire de l’argent, pas du social”.
Interrogé par Le Parisien peu de temps avant la nomination du Canadien à la tête d’Air France-KLM, Philippe Evain, patron du SNPL, principal syndicat de pilotes d’Air France, avait fait part de son inquiétude. “Nous pensons qu’il faut un dirigeant connaissant les spécificités du dialogue social français, qui maîtrise les détails du marché aérien européen et notamment les forces en présence entre les low-cost et les compagnies historiques. C’est très différent de ce qui se passe au Canada. (…) que nous n’arrivions pas à trouver un PDG français pour Air France, je trouve cela dommage. C’est une question de souveraineté”, avait alors expliqué le patron du SNPL qui considérait que cette nomination ferait “plaisir aux Américains et aux Chinois” et que cela n’était pas “dans l’intérêt d’Air France et des passagers français.”
Reste à savoir si le Canadien saura apaiser certains esprits chauvins. En attendant, Libération a fait savoir qu’il “percevrait une rémunération globale de l’ordre de 3,3 millions d’euros par an, trois fois plus élevée que celle de son prédécesseur… mais seulement supérieure de 20% à son actuel salaire.” Pas sûr que cela apaise les moeurs, d’autant que les représentants syndicaux attendent encore une réponse au sujet de leurs demandes d’augmentations de salaires.
Si les négociations n’aboutissent pas avec le nouveau pilote canadien de l’entreprise, il devra éventuellement faire face à une nouvelle grève de 15 jours — déjà programmée en cas de désaccord comme on l’apprend sur La Croix. Reste à savoir si les méthodes nord-américaines de Ben Smith sauront calmer le jeu. L’avenir le dira.