Impossible est un mot qu’elle ne connaît pas. Quatre ans après avoir fondé le groupe Partage et Solidarité sur Facebook, cette Franco-Canadienne est parvenue, en fin d’année, à faire de la lutte contre le gaspillage alimentaire l’un des sujets phares en 2020 pour la ville de Montréal.
« Cela a été un parcours du combattant, jusqu’aux dernières minutes, j’étais dans une peur terrible. C’était très serré et je n’ai rien lâché », confie Atlantide Desrochers, cette Montréalaise dont on vous a déjà parlé ici.
Parmi ses multiples engagements, la lutte contre le gaspillage alimentaire reste prioritaire, essentiel, incontournable. Pour cette enfant du Québec qui a grandi sur les bords de la Manche, à Dinard en Bretagne, avant de revenir à l’âge de la majorité, vivre dans la Belle Province, il est tout simplement inconcevable qu’en 2020, « il soit possible de jeter de la nourriture tout à fait mangeable et non périmée ». Pour cette brune à la détermination de fer, « cela devrait être interdit ». Cette conviction l’a poussée l’an dernier à lancer une pétition avec, en ligne de mire, l’obtention d’une consultation publique sur le sujet au niveau municipal : « Il nous fallait obtenir 15 000 signatures pour que la mairie de Montréal ouvre une consultation publique. Nous avons mené cette pétition à l’automne, en gardant le même cap. Nous voulions convaincre un maximum de personnes. Dans les trois dernières semaines, il y a eu comme un ralentissement. Mais Greenpeace nous a soutenus, certains élus aussi, les medias ont parlé de nous. Au final, nous avons enregistré 15 848 signatures valides. C’était limite ! » Ouf de soulagement du côté du Plateau où Atlantide Desrochers et toute l’équipe de Partage et solidarité s’activent depuis des années. La suite ? « Nous allons recevoir un calendrier de la mairie et de mon point de vue, on ne pourra pas arriver à autre chose qu’une loi interdisant de jeter à la poubelle des denrées consommables », affirme avec assurance la militante, qui a donc déjà repris son bâton de pèlerin. Dès ce jeudi 9 janvier, Atlantide Desrochers interviendra dans le cadre des auditions de la consultation publique sur le Plan directeur de gestion des matières résiduelles 2020-2025 de l’administration de Valérie Plante, pour faire entendre sa voix et surtout ses propositions. Comme les boîtes à livres installées partout dans la métropole, elle imagine par exemple décliner un concept similaire pour la nourriture.
Succès des “frigos solidaires”
Car pas question pour cette bénévole de se reposer sur ses lauriers ! Elle poursuit sa mission avec Partage et Solidarité, qui redistribue les invendus alimentaires. Près de 300 paniers mensuels permettent ainsi chaque mois d’améliorer le quotidien des plus démunis grâce à des “des frigos solidaires”. « Le besoin ne se juge pas, nous ne demandons aucun justificatif », précise cette ambassadrice de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Ce modèle fait parler. « Des villes comme Laval ou Longueil nous contactent. Des écoles me demandent d’intervenir pour sensibiliser les plus jeunes sur le sujet. D’ailleurs spontanément, si vous posez la question aux enfants, eux-mêmes répondront : “Il suffit de redonner la nourriture”. Tellement évident ! »
Atlantide Desrochers, qui n’a gardé que peu d’attaches en France, observe néanmoins avec attention ce que l’Hexagone entreprend sur le sujet. Elle qui se dit « idéaliste » rêve de faire de Montréal une ville innovante et exemplaire : « Dans ma tête d’utopiste, j’imagine une ville où nous n’aurons plus de gaspillage alimentaire et Montréal deviendra un exemple à travers le monde, un modèle initié par de simples citoyens ! »