Depuis le 16 juin et jusqu’au 16 septembre 2018, certaines vitrines de commerces à louer du centre-ville de Montréal sont transformées en galeries d’exposition temporaires. Le thème des œuvres sélectionnées : l’art de redéfinir le genre. À l’origine de l’événement, on retrouve le festival Art Souterrain fondé par le Français Frédéric Loury dont avait déjà parlé ici. Découvrez ce qui vous attend.
Le parcours proposé, original et entièrement gratuit, est une occasion pour les Montréalais.es (et les touristes) d’aller à la rencontre de l’art contemporain canadien dans l’espace public. Comme nous le racontait Frédéric Loury au sujet du festival Art Souterrain, “l’idée a germé de casser les cloisons entre les institutions, les galeries, de façon à mettre à disposition des oeuvres de haute qualité, qui questionnent souvent des enjeux de société et plus largement notre époque (…) pour créer un dialogue avec le public”. Avec Vitrine sur l’art et sa thématique sur le genre, le défi est relevé et le dialogue est ouvert. Il n’y a qu’à ouvrir les yeux.
JJ Levine
Des œuvres comme “Alone Time” de JJ Levine permettent de remettre en question la représentation normative des genres. Dans cette série aux couleurs vives de portraits de couples partageant des moments domestiques intimes, un seul sujet joue à la fois le rôle masculin et féminin, amenant la réflexion au-delà des démarcations rigides de masculin et féminin.
Localisation : 1411 rue Peel
Carl Bouchard
Dans le même ordre d’idées, l’œuvre photographique et vidéo “Tomber une fille. Fall a girl (FAG)” de Carl Bouchard aborde les pressions sociales et familiales pour une normalité des caractères attribués aux genres. Artiste prolifique comptant plus d’une vingtaine d’expositions individuelles en carrière, il cherche à ébranler les habitudes de réflexion du spectateur et l’amène ainsi à revoir ses perceptions.
Localisation : 1388 Ste Catherine Ouest
Kent Monkman
La question de genre est également abordée à travers le prisme de la culture autochtone. L’artiste canadien d’origine crie, Kent Monkman, présentera l’œuvre vidéo “La femme immorale”, dans laquelle est représenté un jeune cardinal tenté par Miss Chief Eagle Testickle dans la place Saint-Pierre. Représentant la sexualité plurielle et la variance des genres, Miss Chief met à l’épreuve les mœurs et l’hypocrisie associées au mantra chrétien “Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre !”.
Localisation : 1415 Peel
Caroline Monnet
Une œuvre de l’artiste multidisciplinaire Caroline Monnet, qui utilise les arts visuels et médiatiques pour communiquer des idées complexes autour de l’identité autochtone à travers l’examen d’histoires culturelles, est aussi présentée. “Créatura dada” est une réappropriation des orgies romaines. Ici, ce sont des femmes autochtones qui ont le pouvoir et qui festoient.
Evergon
La notion de genre, en opposition à celle du sexe, ouvre la réflexion sur la question d’identité. Avec son œuvre “Crossing the Equator, Going South, Pacific Rim #2”, Evergon propose une série de photographies dans lesquelles il se met en scène arborant une silhouette de femme sur le torse avec laquelle il partage le même nombril. Il aborde ainsi des thèmes qui lui sont cher, soit le genre, le vieillissement et l’image corporelle.
Catherine Chu Hua Dong
Quant à l’artiste montréalaise d’origine chinoise, Catherine Chu Hua Dong, elle explore la culture de la honte à travers une série photographique d’autoportraits intitulée “Skin Deep”. Dans cette série, l’artiste considérée parmi les “10 artistes qui réinventent l’histoire” par la revue Canadian Art, masque son visage par un tissu brocart de soie chinoise en recréant des formats de photos d’identités, traduisant ainsi le sentiment de honte à travers un symbole culturel.
Localisation : 1411 rue Peel
Des médiateurs seront présents sur le parcours (qui s’étend sur plus de 1,5 km dans le quadrilatère borné par les rues de Bleury, Sainte-Catherine, Mackay et Sherbrooke) les samedis et dimanches de 12h à 17h pour répondre aux questions du public.