Lancé à l’occasion de la Nuit blanche, le festival Art souterrain se déroule durant un mois à Montréal. Une occasion unique de découvrir des oeuvres d’artistes dans l’espace public, et de s’intéresser à la création artistique de chaque côté de l’Atlantique.
Elle en est persuadée : “Jamais on ne pourrait imaginer faire un tel festival à Paris ! Il y a beaucoup d’autres choses qui se font en France, mais cette façon de poser l’art dans la ville et dans la vie de tous les jours… Nous aurions beaucoup à apprendre des Montréalais”, assure Juliette Bibasse, la commissaire française invitée du festival Art Souterrain, qui se déroule jusqu’au 22 mars 2020, sur le thème de “RESET”. Dans les couloirs souterrains de la ville, des oeuvres d’art prennent place. Photographies, peintures, installations éphémères… Les passants sont confrontés en direct et gratuitement aux créations d’artistes venus de tous horizons. Un espace public qui devient un “terrain de jeu artistique extraordinaire”, pour reprendre les mots de Juliette Bibasse, qui observe aussi : “En France, il n’y a pas forcément le même respect de l’oeuvre, il y aurai beaucoup de dégradations.”
Mais dans ce panorama, une “relation” particulière semble unir le Québec et la France. “C’est certain qu’il y a des passerelles, confirme la commissaire artistique. Cela permet à des artistes français de venir exposer leur travail, et inversement.”
Parmi eux, citons Stop urgence, l’oeuvre des Nivaux, deux artistes parisiens ayant mis en place une installation représentant le “point de départ du reset”. Elle est posée dans les couloirs du Centre des Congrès. “On peut s’installer dessus, s’asseoir, se mettre debout” affirment les deux créateurs qui aiment lorsque l’art quitte les traditionnels lieux d’exposition pour s’inscrire dans un paysage plus ordinaire. “On interroge sur la signification de Reset. N’y a t-il pas urgence à stopper, à réfléchir pour l’avenir, à penser une nouvelle vie et à un nouveau monde ?”, explique le duo parisien, couple dans la vie.
Au total, durant presqu’un mois, Art Souterrain propose 60 activités différentes, des rencontres avec des artistes, des animations et des dizaines d’oeuvres surprenantes dans la ville. Damien Elliott, double nationalité (franco-canadienne) regarde avec beaucoup d’émotion ses oeuvres qui habillent un couloir tout près du Centre de Commerce Mondial. Une première pour cet artiste designer dont le travail se penche sur les langues, les civilisations et les compréhensions que chacun peut en faire.
“Nous sommes dans les utopies, nous voulons amener les gens à repenser nos relations aux autres et au monde, et notre manière de consommer, explique le directeur du festival, Frédéric Loury. On s’adresse à un public néophyte, l’essentiel est de surprendre, de créer une réflexion en leur posant une question : si l’on vous proposait de repartir à zéro, comment imagineriez-vous le monde ? »”, explique t-il, pendant que les passants déambulent à côté des oeuvres.
” J’en ai vus qui se prenaient en photo devant cette image, relate Juliette Bibasse, je trouve cela exceptionnel. L’art pour l’art ne m’intéresse pas trop, mais l’art qui interpelle l’individu dans son quotidien, amène une hausse de la fréquentation dans tel endroit… À Montréal, tout est pensé de façon globale, et c’est vraiment inspirant.”