Le fisc canadien vous a-t-il déjà appelé(e) pour vous menacer de prison si vous ne rappelez pas au numéro indiqué ? Une fraude devenue malheureusement un classique parmi d’autres. Voici quelques conseils pour ne pas se faire plumer.
“En 2017, au Canada nous avons eu un peu plus de 22.000 signalements de tentatives de fraudes par téléphone“, affirme le Sergent Guy Paul Larocque, coordonateur des fraudes par marketing de masse à la Gendarmerie royale du Canada. La technique la plus utilisée en ce moment étant le soi-disant appel de Revenu Canada.
En prévention
Les agents de Revenu Canada n’ont pas pour habitude de faire des appels menaçants ou de demander des renseignements personnels par téléphone. Si vous avez un doute, contactez vous-même directement Revenu Canada et non le numéro indiqué par la personne qui vous a contactée.
“Dès que vous êtes inconfortable avec un appel, coupez la communication et si la personne rappelle, ignorez-la (…), conseille Guy Paul Larocque. Avant de raccrocher, vous pouvez demander le nom de l’agent qui vous a contacté et le rappeler sur un numéro officiel que vous avez obtenu (et pas celui que vous a donné la personne), ou demander à parler à quelqu’un qui est au courant de votre dossier“.
Par ailleurs, n’hésitez pas à filtrer vos appels. Lorsque l’interlocuteur est inconnu, renvoyez-le sur votre messagerie. En rappelant directement un inconnu au numéro indiqué, vous pouvez être exposé(e) à une tentative d’extorsion d’informations sensibles. Ou bien les fraudeurs peuvent s’arranger pour faire durer la conversation, tout en siphonnant joyeusement votre compte bancaire à votre insu.
De manière générale, ne donnez aucune information personnelle ou sensible par téléphone à une personne que vous ne connaissez pas ou dont vous n’avez pas pu vérifier l’identité : numéro de carte bancaire, d’assurance sociale (NAS), nom de jeune fille, nom de famille de la mère, etc. “Il faut toujours se demander pourquoi la personne a besoin de ces informations (…), rappelle le Sergent Larocque. Lorsque vous appelez par exemple votre succursale bancaire, c’est normal qu’ils vous posent des questions dont ils ont déjà les réponses pour vérifier votre identité (…). Mais si quelqu’un vous appelle et vous pose des questions personnelles, cela doit être un drapeau rouge”, avertit le gendarme.
Attention aussi à certaines questions visant à vous faire répondre “oui”. Voici une technique signalée en 2017 sur le site de la Gendarmerie royale du Canada : “Une nouvelle arnaque contre laquelle le Groupe de la criminalité économique (GCE) du détachement de la GRC de Surrey met en garde la population est le stratagème Can You Hear Me?
(m’entendez-vous?). Celui ci a été largement dénoncé aux États Unis et il se fraye maintenant un chemin jusqu’au Canada. Il s’agit avant tout d’appels téléphoniques qui sont effectués par des fraudeurs qui demandent à la victime : M’entendez vous ?
Lorsque la victime répond Oui
, le fraudeur l’enregistre. Grâce à cet enregistrement, le fraudeur peut acheter divers produits et services au nom de la victime ou l’inscrire à divers services sans son consentement.”
Certains ou certaines d’entre vous se sont peut-être déjà inscrits sur la Liste nationale de numéros de télécommunications exclus du Canada (LNNTE). Cette précaution peut permettre d’éviter d’être importuné par du marketing téléphonique mais a ses limites en matière de fraude. “Le problème c’est que les fraudeurs se fichent des lois (…), souligne Guy Paul Larocque. Ils vont ignorer cette liste“. Votre téléphone sonnera sans doute moins mais restez attentifs, tous les appels indésirables ne seront pas évités !
Le mal est fait ? Plan d’action
Notez tous les détails utiles (numéro de téléphone, date, heure, nom) et contactez le Centre antifraude du Canada par téléphone (1-888-495-8501) ou en ligne (plus d’informations ici).
Nous avons contacté plusieurs postes de police de quartier pour savoir s’il fallait également leur rapporter l’incident. En l’absence de préjudice, cela ne servira pas à grand chose selon les indications données par les agents de police. En revanche, si l’arnaqueur a réussi à vous soutirer votre NAS, des fonds ou votre numéro de carte de crédit, adressez-vous à votre poste de police local qui ouvrira un rapport. Alertez également votre banque ou institution financière et surveillez les opérations sur votre compte.
Et si vous vous êtes déjà fait avoir une fois, redoublez de vigilance car les fraudeurs vous auront sans doute repéré(e). “Lorsqu’une personne a été victime de fraude une fois, les fraudeurs ont tendance à la recontacter sachant qu’elle est déjà tombée dans l’arnaque. Ils vont essayer de revenir à la charge sous d’autres prétextes“, prévient Guy Paul Larocque.
Pour aller plus loin
Vous pouvez consulter la liste des 10 grandes fraudes utilisées au Canada en 2017, par téléphone ou autre, répertoriées par le Better Business Bureau. De quoi vous éviter de vous transformer en pigeon.