Pendant qu’elle parcourait 5000 kilomètres en 10 jours à bord de 28 véhicules différents, Angèle Chatellard a rempli deux carnets d’histoires de voyage. Elle nous raconte son épopée, ses dessins sous les yeux.
En mai, Angèle Chatellard a traversé le Canada d’Est en Ouest en faisant du pouce (de l’auto-stop). La jeune graphiste originaire du sud de la France a embarqué avec son amie Anaïs sur la route Transcanadienne à partir de Montréal. Les deux voyageuses n’avaient pas d’itinéraire précis, mais une destination finale, Vancouver. Leur seule contrainte logistique était en effet un billet d’avion retour, prévu un mois plus tard. « Ça nous obligeait à partir, car il fallait revenir ! », raconte Angèle Chatellard.
Anaïs et Angèle ont parcouru leur pays d’adoption par la route pour en découvrir les provinces et leurs habitants. « On savait qu’il y avait Winnipeg à un moment… je connaissais peu les régions qu’on allait traverser, je ne savais même pas si le Manitoba c’était avant ou après Saskatchewan, et d’ailleurs je ne savais même pas prononcer Saskatchewan ! », raconte Angèle en riant.
Depuis son retour, il lui arrive de devoir prendre un pas de recul pour réaliser qu’un tel voyage est loin d’être anodin : « Ces expériences sont plus banalisées quand on discute entre expat’s, mais quand j’en discute avec des gens d’ici et de France, je prends conscience de ce que j’ai vécu. »
Les deux amies ont partagé leur route avec une trentaine de conducteurs qui les ont acceptées à bord. Des rencontres inoubliables aux trajets où le temps leur paraissait long, elles ont emmagasiné d’innombrables expériences grâce à l’auto-stop.
Ce mode de transport vient tout de même avec son lot de défis. Angèle Chatellard rappelle qu’il faut savoir s’armer de patience et être prêt à passer de longues heures dans les stations-services canadiennes en attendant d’être embarqué par un conducteur. Entre le couchsurfing (qui consiste à se faire héberger gratuitement chez des hôtes), les nuits à la belle étoile dans un hamac et les motels, la vie sur la route offre un confort parfois limité. La graphiste assure avoir renforcé sa confiance en son instinct et développé sa résilience.
Trois mois après son voyage, Angèle Chatellard offre un regard plus aguerri sur l’auto-stop :
« Je ne le recommande pas à tout le monde, mais je pense que l’expérience est vraiment enrichissante. C’est important de se préparer au minimum, d’avoir des options pour se mettre en sécurité au besoin, de partir avec quelqu’un en qui on a confiance. Le monde n’est pas tout gentil, il faut trouver l’équilibre entre faire confiance et se méfier, en n’accordant pas sa confiance aveuglément ».
Cette dernière conseille d’ailleurs de ne pas hésiter à prendre en photo les plaques d’immatriculation des véhicules et de communiquer régulièrement avec des proches tout au long du voyage.
« J’ai l’habitude d’avoir mon carnet tous les jours avec moi, je raconte mes péripéties du quotidien, même quand il ne se passe rien », poursuit Angèle Chatellard. L’étudiante dessine depuis son plus jeune âge, mais depuis son arrivée au Canada, ses illustrations sont devenues son mode d’expression de prédilection.
Au cours de son voyage, elle a rempli deux épais carnets de ses dessins, illustrant ses péripéties, ses rencontres, ses réflexions, ses doutes… ce qui lui restera de son voyage. « Le carnet était une extension de moi-même, une carte mémoire qui me permettait d’ancrer les détails que je ne voulais pas oublier, car tout allait trop vite », explique-t-elle.
En dessinant ses aventures, la voyageuse a cherché à explorer les moyens de capturer et conserver des souvenirs sans nuire à la spontanéité du moment présent. Elle a d’ailleurs abordé cette réflexion dans un mémoire de recherche sur la thématique du carnet de voyage. « Il faut un juste milieu entre garder des traces pour se souvenir et savoir lâcher prise pour vivre pleinement tes aventures », affirme l’étudiante avant d’ajouter que son expérience a été plusieurs fois altérée par cette pression de « garder des traces ».
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Angèle Chatellard assure que le dessin permet de représenter des éléments qu’un appareil photo ne pourrait capter… des détails visuels, des expressions du visage ou encore des discussions. Ses carnets de voyage sont de véritables récits : « Je m’en sers comme d’un petit livre pour raconter mes histoires. »
De retour à Montréal, Angèle continue de raconter ses histoires en dessins et propose désormais des ateliers créatifs dans différents cafés de la ville.