Jusqu’au 5 septembre prochain, le Centre Phi propose une immersion interactive et multisensorielle dans l’univers de divers artistes d’ici et d’ailleurs avec son exposition Trois mouvements. On y retrouve notamment Alexandra Stéliski, FouKi, mais aussi le duo français Adrien M & Claire B qui présente Acqua Alta – La traversée du miroir.
Imaginé il y a bientôt trois ans, Acqua Alta – La traversée du miroir a évolué au fil du temps. Inspiré par le mythe d’Orphée et Eurydice, l’œuvre raconte l’histoire d’un homme qui cherche désespérément sa femme après avoir vu leur maison être engloutie par les flots. « Acqua Alta est un phénomène qui a lieu à Venise lors que l’eau monte », précise Claire Bardainne. Au départ, il s’agissait d’une œuvre chorégraphique qui a été jouée sur plusieurs scènes à travers le monde. À ses côtés, on pouvait découvrir un support papier, un livre qui invitait à une bulle chorégraphique à chaque double page. « L’idée, c’était vraiment d’inviter le spectateur à évoluer entre différents points de vue, depuis un fauteuil de théâtre puis avec un écran », explique Claire Bardainne.
Petit à petit, c’est finalement le petit recueil qui a pris une plus grande importance et qui s’est « autonomisé ». Cependant, le duo de créateurs a travaillé à ce que l’aspect multifacette de l’expérience subsiste. « On se rapproche du jeu vidéo, de la BD, du spectacle vivant aussi, de l’animation… On combine les méthodes pour créer une hybridation unique » rajoute la créatrice.
Pendant une année complète, Adrien M & Claire B et toute l’équipe qui les entourent ont confectionné ce petit livre qui contient 10 doubles pages où naissent des volumes en papier, arborés de dessin à l’encre de Chine, fait à la main. L’œuvre contient aussi plusieurs éléments très technologiques, patte et spécialité du duo d’artistes. Les personnages évoluent sur la forme en papier, grâce à la réalité augmentée. « On a vêtu les danseurs de l’équipe de costumes en Motion Capture afin d’enregistrer et de reproduire leurs mouvements. Par la suite, on a construit les décors à échelle humaine puis on a réduit le tout pour que ça rentre dans le livre », simplifie l’artiste.
« Une sensation de lien à travers les frontières »
Depuis maintenant plus de 10 ans qu’ils travaillent ensemble, Adrien M & Claire B ont l’habitude de parcourir le monde avec leurs œuvres. « Chaque projet est joué pendant 3 à 5 ans » ajoute Claire Bardainne.
Dans les dernières années, ils ont pu amener plusieurs de leurs œuvres à Québec et à Montréal notamment lors du Mois multi ou encore à l’Usine C. L’année dernière, ils ont exposé leur projet Mirages & miracles, au Centre Phi à Montréal où ils ont été « très bien accueillis ». Ils ont eu envie de réitérer l’expérience cette année même s’ils ne sont pas venus sur place en raison de la pandémie, mais pas seulement. « On souhaite réduire notre empreinte carbone alors on cherche de plus en plus des protocoles pour éviter de trop bouger », poursuit-elle.
Malgré cela, Adrien M & Claire B sont toujours « ravis » de pouvoir présenter leur travail à l’international et sont très satisfaits du lien qu’ils ont créé avec Montréal. « On a une grande confiance dans la qualité et le soin qui sont apportés à la restitution de nos projets, on comprend vraiment notre travail alors ça fait du bien, conclut-elle. On a la sensation d’un beau lien et d’une réelle communauté entre nos deux continents ».