Vous avez abandonné vos boules de pétanque en France parce que vous pensiez que ce n’était pas un truc de Québécois ? Courez en acheter de nouvelles, car dans les parcs montréalais, les boulistes règnent en maître. On vous explique comment se pratique la discipline dans la belle province.
Lancer le cochonnet, tirer ou pointer pour approcher ses boules, atteindre 13 points, se saluer, et recommencer. À première vue, cela semble assez simple. Et ça peut l’être. Mais la pétanque peut aussi devenir bien plus compétitive.
Selon Franck Fromont, président du club la Boule du parc Lafontaine, qui célèbre bientôt ses 70 ans, « il y a deux pétanques : la pétanque loisir et la pétanque compétitive ». La première se pratique entre amis ou en famille comme une activité ludique. La seconde, en revanche, est à prendre plus au sérieux. Il existe des tournois, des fédérations, des championnats nationaux et internationaux… et le Québec se distingue brillamment dans cette discipline.
« C’est un jeu d’adresse, on passe des heures sur un terrain, et je peux vous dire qu’à la fin de la journée on est fatigué », assure le bouliste, rappelant les exigences physiques de ce sport.
Jouer à la pétanque constitue une occasion en or de faire des rencontres. « C’est un sport loisir, elle est beaucoup rattachée à la convivialité avec le partage du verre, le barbecue, les grillades. Tu peux venir seul, et même si tu n’es pas très sportif, tu peux t’intégrer », lance Jérôme Lignon qui affirme qu’il s’agit de l’une des rares disciplines où l’on peut s’amuser dès la première partie. Ce passionné de 33 ans originaire de Toulouse a deux amours : le rugby et la pétanque. Lorsqu’il était enfant, il a troqué sa passion pour la boule lyonnaise pour la pétanque afin de pouvoir jouer avec son père.
Ce qui rend la pétanque unique, c’est sa capacité à réunir des personnes de tous âges et de tous horizons. « Tu peux jouer avec tout le monde, mélanger les sexes, les âges. En compétition, tu peux jouer avec ton grand-père et ta petite sœur… c’est un moment de partage génial », poursuit le Jérôme Lignon.
Sous le soleil du parc Lafontaine, on se croirait presque dans le quartier du Panier à Marseille, avec ses accents chantonnants et le cliquetis des boules métalliques. La mêlée de jurons français et de sacres québécois, couplée à l’ombre des arbres et à l’odeur des barbecues, crée toutefois une ambiance chaleureuse unique. Vous ne croiserez en effet pas seulement des Marseillais. Les joueurs viennent du Québec, de divers pays d’Europe, et surtout de Madagascar. Oui, la pétanque est l’un des sports nationaux là-bas.
Pour jouer à la pétanque, il n’est pas nécessaire de rejoindre un club dès le départ. Il vous suffit de vous rendre sur les terrains et de trouver des partenaires. Si vous souhaitez un peu d’organisation, vous pouvez publier un message sur le groupe Facebook Les pétanqueurs du plateau. « Ils sont en mode déconnade, ils organisent des moments conviviaux avec des barbecues », explique Jérôme Lignon. Selon lui, il est très facile de trouver une équipe à rejoindre : « Il y a toujours des gens prêts à jouer, il ne faut pas hésiter à demander. »
Cependant, si vous désirez vous impliquer davantage et ressentir un sentiment d’appartenance, la Boule du parc Lafontaine est un club incontournable à Montréal. Pour 15$ par an, vous pouvez devenir membre de l’association. « Toute personne qui veut débuter est la bienvenue, il n’y a pas de différence d’âge, de culture ou de niveau », assure le président Franck Fromont.
Il existe une autre option, celle des tournois. Certains bars, par exemple, organisent des compétitions ponctuelles. Les tournois des Enfants du Rock sont victimes de leur succès à chaque fois.
Le Québec accueille également plusieurs compétitions de pétanque de haut niveau. Les Championnats du monde, notamment, ont eu lieu dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean en 2018. La coupe du Québec vient d’avoir lieu au parc Lafontaine.
La pétanque, souvent associée au soleil et au pastis, est en réalité un sport qui se pratique aussi en hiver.
Des boulodromes couverts situés sur les rives sud et nord organisent des tournois tout au long de l’année et animent la vie des boulistes passionnés. Les deux principaux sont le Club Val des Arbres au boulodrome de Laval (1555 boulevard Saint-Martin Est) et les As de Longueuil au boulodrome de Longueuil (1175 chemin du Coteau-Rouge).
À la pétanque, les joueurs sont classés entre trois catégories, or, argent et bronze. « Une personne étrangère qui arrive va commencer argent, et après la fédération peut éventuellement le réhausser », souligne Jérôme Lignon. Selon le Toulousain, la pétanque au boulodrome de Laval est plus axée sur le loisir, tandis que celle de Longueuil est davantage compétitive. « Les joueurs or sont refusés à Laval, alors qu’à Longueuil ils sont acceptés », explique Jérôme Lignon, lui-même catégorisé argent. Jouer avec ou contre des joueurs de niveau « or » ajoute du défi et permet d’apprécier la technique, mais si vous préférez jouer pour le plaisir, vous ne serez probablement pas enchanté de perdre 13 à 0.
Que vous soyez curieux ou passionné, le Festi-pétanque la Marseillaise pourrait bien vous plaire. Chaque année, des champions internationaux et locaux de la pétanque et d’autres compétiteurs se retrouvent pour un tournoi de quatre jours. L’événement accueille des milliers de spectateurs. « C’est bon pour les passionnés de pouvoir jouer contre des mecs très bons. À la pétanque, dès le premier tour tu peux jouer contre quelqu’un qui a un gros palmarès », ajoute Jérôme Lignon.
L’événement de cet été se déroulera du 1er au 4 août au parc St-Mark de Longueuil.
Les terrains de pétanque ne manquent pas sur l’île de Montréal, mais en voici une petite sélection pour vous donner une idée.
– Parc Lafontaine, sur le Plateau
– Parc Laurier, sur le Plateau
– Parc Lalancette, station Joliette
– Parc Pie-XII, dans l’arrondissement Saint-Léonard
– Parc Arthur-Therrien, à Verdun
– Dans le Vieux-Montréal, au 333 rue de la Commune Est