Cette année marque le 25e anniversaire du Fonds France-Canada pour la Recherche (FFCR). Ce programme bilatéral géré par l’Université d’Ottawa en coordination avec l’Ambassade de France au Canada, finance des projets de recherche portés par des équipes réunissant un chercheur français et un chercheur canadien. Plongée dans l’histoire et les coulisses de ce dispositif inédit.
« L’objectif est de soutenir de nouvelles collaborations [franco-canadiennes], pour que des chercheurs apprennent à se connaître et à travailler ensemble », explique Jean-François Doulet, attaché de coopération scientifique et universitaire à l’Ambassade de France au Canada.
Au total, 23 universités canadiennes sont membres de ce programme. Il est également ouvert à tous les établissements d’enseignement supérieur placés sous la tutelle du Ministère chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) en France.
« La France et le Canada vivent leur âge d’or de la coopération scientifique », constate Jean-François Doulet.
En effet, à ce jour, le Canada est le 7e plus important partenaire scientifique et de recherche pour la France, qui est elle-même le 5e partenaire du Canada dans ce domaine, selon le MESR. Et les initiatives qui le prouvent ne manquent pas. En avril 2023, la France et le Canada ont lancé le Comité mixte sur la science, la technologie et l’innovation. Plus récemment, en juillet 2024, le Canada a signé un accord avec la Commission européenne pour faire partie d’Horizon Europe, le principal programme de financement de l’Union européenne pour la recherche et l’innovation qui doit s’étendre jusqu’en 2027.
Il y a 25 ans, le ministère français a débloqué une importante somme d’argent pour créer le FFCR, et chaque université partenaire a contribué à hauteur de 60 000 dollars, explique Jean-François Doulet.
Grâce à ce lancement ambitieux, le système parvient aujourd’hui à s’auto-financer. « Ce sont les dividendes générés par cet argent [investi au Canada] qui sont utilisés pour soutenir les chercheurs », ajoute ce dernier.
Pour qu’une nouvelle université canadienne soit intégrée au FFCR, elle doit être cooptée. « L’ensemble des 23 universités peuvent décider de solliciter une université pour sa légitimité scientifique ou sa pertinence dans la coopération scientifique franco-canadienne », ajoute M.Doulet.
Le montant des bourses attribuées aux équipes sélectionnées par le FFCR varie entre 8000 à 15 000 dollars en fonction de leur projet. En parallèle, l’organisme de recherche canadien MITACS bonifie de 6 000 dollars la somme allouée par le FFCR : un coup de pouce non négligeable pour les lauréats !
« L’avantage de ce système de financement est sa pérennité : nous ne sommes pas du tout dépendants des gouvernements et des revirements politiques quelconques », assure Jean-François Doulet.
Au total, le FFCR a financé plus de 400 projets de recherche conjoints dans des domaines allant des sciences sociales à l’agronomie en passant par les technologies de l’information, la biologie et les sciences humaines, entre autres. « La répartition des domaines de recherche du FFCR reflète le paysage scientifique mondial », assure ce dernier.
Au-delà des publications scientifiques qui découlent des projets, certaines collaborations mènent à de véritables « success stories », selon Jean-François Doulet.
C’est notamment le cas du laboratoire de recherche internationale Takuvik, créé en 2011 par deux anciens lauréats du FFCR, Marcel Babin et Warwick Vincent. Ce laboratoire né d’un partenariat entre l’Université Laval et le CNRS se consacre aujourd’hui à l’étude de l’impact des changements climatiques sur les systèmes terrestres et marins en Arctique. Le fruit d’une collaboration née dans les premières années du Fonds France-Canada pour la Recherche !
« La subvention a donné lieu quelques années plus tard à une grande campagne océanographique menée sur le brise-glace de recherche Amundsen en mer de Beaufort en 2009 », précise Marcel Babin dans une vidéo de l’Ambassade de France au Canada. Les chercheurs ont également fait appel à plusieurs laboratoires français et canadiens, notamment pour étudier l’impact du changement climatique sur l’export de CO2 par le fleuve canadien Mackenzie, qui draine une partie des territoires affectés par la fonte du pergélisol.
Et 25 ans plus tard, les choses vont pour le mieux. « Le FFCR se porte très bien, à l’image des collaborations bilatérales », se réjouit Jean-François Doulet. Le Fonds lance cette année le programme FFCR+. Son objectif est de soutenir d’anciens lauréats du FFCR qui souhaitent approfondir leur collaboration et poursuivre leur projet commun en répondant à des appels nationaux ou internationaux.