Si les Français sont les deuxièmes plus gros consommateurs de mangas après les Japonais, les Montréalais peuvent parfaire simultanément trois techniques grâce à Amélie Jean-Louis et Coralie Cressent : la lecture des mangas de droite à gauche, l’aspiration des bulles de bubble teas à la paille et le maniement des baguettes. Avec le O-Taku Manga lounge sur le Plateau, les deux Françaises font rayonner la culture manga dans un environnement cosy, gourmand et convivial pour petits et grands.
Le concept ? Un “manga café” inspiré du Japon : un café-lecture/librairie où l’on peut tranquillement dévorer ses mangas préférés moyennant un tarif horaire, tout en sirotant un thé gratuit à volonté, bien installé sur un canapé, pouf ou même un lit en hauteur. Chez O-Taku, qui signifie “comme à la maison” en japonais, vous pouvez vous prélasser dans vos chaussons — prêtés par le lounge — sans complexe !
Originaire d’Angoulême, Amélie Jean-Louis s’est installée à Montréal “un peu par hasard” il y a 6 ans, après des études et un début de carrière en hôtellerie. “Je voulais découvrir une autre culture (…) et le PVT au Québec, c’était le plus facile à obtenir à l’époque“, précise la libraire. En intégrant l’agence de placement Sacrée soirée, elle rencontre sa directrice, Coralie Cressent, qui deviendra son associée.
Originaire de Périgueux, Coralie Cressent s’est installée à Montréal à 19 ans pour étudier à HEC Montréal, et tombe vite dans l’entrepreneuriat. “J’ai eu ma première entreprise — une franchise étudiante — au bout de 3 mois d’études en parallèle à HEC. Ça m’a donné la piqûre et j’ai toujours été impliquée dans des projets“, raconte la Française. Devenue directrice générale puis associée de l’agence Sacrée soirée, elle a fondé l’entreprise de gestion de croissance Bildop, revendue en 2016.
C’est en fréquentant O-Taku qu’Amélie Jean-Louis apprend que les propriétaires — des Français aussi— souhaitent vendre. “J’avais toujours voulu me lancer en entrepreneuriat et je savais qu’ici il y avait plus de facilités, autant au niveau administratif que financier“, raconte la passionnée de mangas. Les deux jeunes femmes rachètent le commerce ensemble en 2015 à l’aide d’un emprunt.
“Je n’avais jamais lu un manga avant de racheter O-Taku !“, avoue Coralie Cressent, qui donne un coup de main régulier pour la comptabilité, l’administration et la gestion de croissance, en parallèle de son poste de directrice du service conseil et financement chez PME Montréal. Amélie Jean-Louis consacre pour sa part 100% de son temps au lounge.
Le duo a repris le concept initial en l’adaptant pour capter un public plus large. “Le côté familial était beaucoup moins présent (…), précise Coralie Cressent. On a rendu les activités et le lieu plus agréable pour les parents qui accompagnent et pour les enfants, afin qu’il y ait des choses intéressantes pour tous les âges“. Le lounge propose aux lecteurs boissons et plats simples faits maison (les bubble teas et onigiris sont les spécialités) et des activités en lien avec le manga : cours de japonais et de dessin manga, soirées cinéma, jeux, comedy show, etc.
Le public apprécie ! Depuis le rachat en 2015, les deux Françaises ont mis sur pied une équipe de cinq personnes dont deux à temps plein, et le chiffre d’affaires a triplé en trois ans. De très bons résultats qui a même permis l’inauguration d’une extension fin mars. “La chance qu’on a, c’est qu’on est spécialisées (…). Dans le milieu de la librairie, c’est essentiel si on veut survivre“, analyse Amélie Jean-Louis.
Et la renommée du manga progresse au Québec. “Depuis deux ans, on observe un réel changement : tout le monde sait ce qu’est un manga et connait au moins une personne qui en lit“, se réjouit Amélie Jean-Louis, qui participe régulièrement à des festivals et animations dans des écoles, entre autres. Les deux associées cherchent d’ailleurs des entrepreneurs passionnés pour continuer à développer le concept dans d’autres villes en Amérique du Nord. Amoureux du manga, si vous en faisiez votre métier ?