Élu premier ministre du Québec en octobre 2018, François Legault, homme d’affaires multimillionnaire et co-fondateur d’Air Transat, avait annoncé son intention de réduire les quotas d’immigration. Sauf pour les Français. C’est ce qu’il a fait entendre lors de sa visite à Paris ce lundi 21 janvier.
“Actuellement, il y a beaucoup trop d’immigrants au Québec qui ne sont pas qualifiés ou qui ne parlent pas français, a-t-il dit. Donc, des Français, on en prendrait plus. De même que des Européens”, a confié le premier ministre québécois à nos confrères du Devoir. Il a aussi ajouté : “Avec l’immigration française, il n’y a généralement ni problème de qualification ni problème de langue.”
Cette intention de vouloir “privilégier” les Français n’est pas sans rappeler le dispositif “Bienvenue en France” qui a instauré des frais de scolarité pour les étudiants étrangers, sauf pour les étudiants québécois.
“C’est comme s’il y avait de bons immigrants et de mauvais immigrants”
Selon l’opposition et certains experts consultés par le HuffPost Québec, le premier ministre québécois s’engage sur une “pente glissante” s’il fait vraiment ce qu’il dit, il est même accusé d’incohérence. Moins d’immigrants mais plus de Français ? Un non-sens pour certains. “Les propos de M. Legault me mettent un peu mal à l’aise. C’est comme s’il y avait de bons immigrants et de mauvais immigrants”, a expliqué Rachad Antonius, professeur de sociologie à l’Université du Québec à Montréal au HuffPost Québec avant d’ajouter que cela rappelait les politiques d’immigration du siècle dernier.
En entrevue et sur son compte Twitter, François Legault n’a pas non plus caché la portée économique de sa visite en France :
Ce midi à Paris, je me suis adressé à 350 acteurs du milieu économique, politique et autres. J’en ai profité pour réitérer mon souhait de voir augmenter les échanges commerciaux du Québec avec la France et d’attirer plus d’investissements étrangers au Québec. #FrQc pic.twitter.com/jie7DEUTMP
— François Legault (@francoislegault) January 22, 2019
“Ma priorité est économique, a-t-il indiqué au Devoir. Je ne veux rien soustraire [dans la relation France-Québec]. Mais je pense qu’on peut en faire plus en économie en augmentant les exportations. […] Je veux aussi augmenter les investissements des entreprises françaises au Québec, même si je comprends que M. Macron veut le contraire.”
Comme rappelé ici, d’après les données fournies par le ministère de l’Immigration québécois, la “Belle Province” a accueilli près de 22.000 Français entre 2013 et 2017, avec un rythme annuel d’environ 4.500 ressortissants hexagonaux. Les Français représentent la deuxième nationalité de migrants représentés dans la Belle Province, derrière la Chine, mais devant l’Iran, l’Algérie et la Syrie.