La France veut accueillir 500 000 étudiants étrangers en 2027 contre 320 000 aujourd’hui. Comment ? Avec le dispositif “Bienvenue en France” qui instaure, pour la première fois, des frais de scolarité pour les étudiants étrangers : 2 770 euros — au lieu de 170 euros — pour s’inscrire en licence, et 3 770 euros pour une formation aux cycles supérieurs (contre 243 euros et 380 euros actuellement). Seuls les étudiants québécois y échappent.
Le Premier ministre français, Édouard Philippe, a profité des Rencontres universitaires de la Francophonie pour expliquer sa stratégie afin “d’assoir l’attractivité du réseau universitaire français sur l’excellence.” S’il souhaite augmenter le nombre d’étudiants étrangers dans les écoles et universités françaises, il veut aussi “faire financer les bourses des moins fortunés et des plus méritants en faisant payer les étudiants étrangers qui en ont les moyens”. L’autre objectif visé : l’amélioration des conditions d’accueil.
“Paradoxalement, le faible coût des frais de scolarité en France décourageait aussi certains candidats, qui s’inquiétaient de la qualité des enseignements, a souligné Matignon”, comme l’a indiqué Libération.
Les étudiants québécois conservent leurs droits
« Les étudiants québécois continueront d’être considérés au même titre que les étudiants français et européens, et ne sont donc pas concernés par la mise en place des frais d’inscription différenciés », a confirmé la porte-parole du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Marie Francolin, au Devoir.
C’est l’entente sur la Mobilité étudiante au niveau universitaire, signée en 2015 entre la France et le Québec, qui permet aux étudiants québécois de ne pas voir leurs frais de scolarité multipliés par seize. Ils conservent donc les mêmes droits d’inscription que les étudiants français et européens pour un programme d’études conduisant à un diplôme de premier, deuxième ou troisième cycle. De même, les étudiants québécois qui suivent des études en France restent éligibles à une bourse d’étude du gouvernement français.
Un pari risqué ?
La mise en place de ce nouveau dispositif peut sembler paradoxale mais le gouvernement l’assume : le système éducatif français souhaite désormais être attractif pour les étrangers, non par sa gratuité, mais plutôt pour la qualité de son enseignement. Reste à savoir si la stratégie sera payante. Comme l’a souligné Le Devoir, selon l’expert Nicolas Charles, cité dans Le Monde, « dans les pays qui ont augmenté leurs droits, le nombre d’étudiants a mécaniquement baissé ».
De leur côté, les syndicats étudiants craignent qu’avec cette nouvelle mesure, les étudiants les plus défavorisés soient pénalisés, à commencer par les étudiants africains. Doctorant en sociologie au Conservatoire national des arts et métiers, Hicham Jamid estime que l’augmentation des frais d’inscriptions dans les universités publiques françaises confirme l’obsession du gouvernement pour une politique migratoire restrictive.
Enfin, à savoir si certaines universités canadiennes profiteront de cette hausse des frais de scolarité français pour faire valoir, une fois de plus (et à juste titre), l’excellence de leurs établissements afin d’attirer les étudiants étrangers qui ne se sentent plus les “bienvenus en France”…. L’avenir le dira. Rappelons que les étudiants étrangers en provenance d’autres pays que la Belgique ou la France paient plus de 10 000$ de frais de scolarité par an au Québec.