L’acteur belge est l’invité d’honneur de Cinemania pour cette 24ème édition. À l’affiche de quatre films dont “Edmond”, dans lequel il interprète à la fois l’acteur Coquelin et le personnage de Cyrano de Bergerac, le festival présentera également deux films plus anciens qui ont compté dans sa carrière. Rencontre avec une pointure du cinéma belge qui est déjà apparu dans pas moins de 98 films en 20 ans.
Cette année, Olivier Gourmet a traversé l’Histoire de France à travers trois des quatre films présentés à Cinemania. “C’est le hasard du calendrier, il y a des années comme ça, on ne sait pas pourquoi !“, commente l’acteur, saluant au passage le travail des chefs costumiers et costumières sur les plateaux. “Pour un comédien, endosser le costume ouvre la porte de l’imaginaire et (stimule) le comportement physique“, souligne-t-il.
Dans “Un peuple et son roi”, de Pierre Schoeller avec qui l’acteur avait déjà tourné pour le film “L’Exercice de l’Etat”, il incarne un souffleur de verre engagé dans la Révolution française. Dans “L’échange de princesses”, de Marc Dugain, il est Philippe d’Orléans, régent de France, qui propose un marché matrimonial à Lambert Wilson alias Philippe V d’Espagne. Pour “Edmond”, l’adaptation par Alexis Michalik de sa pièce à succès, il interprète l’acteur Benoît-Constant Coquelin qui joue le rôle mythique de Cyrano de Bergerac pour la première fois. Le film, qui ne sortira en France qu’en janvier 2019, clôturera Cinemania.
Son interprétation du personnage de Coquelin / Cyrano, tour à tour drôle et touchant, est parfaite. C’est là un double rôle en or qu’Alexis Michalik lui a offert, de ceux dont rêvent les acteurs.
“C’était un cadeau en effet, confie Olivier Gourmet. J’étais surpris d’ailleurs, car on ne me propose pas souvent des comédies. On est très vite marqué par les rôles dans lesquels on a été convaincant et ça nous colle parfois à la peau. Cela ne me pose pas de problème à partir du moment où on me propose des personnages qui me touchent (…) mais là, c’était une vraie surprise et un grand plaisir car j’ai un vrai goût depuis l’enfance et l’adolescence, quand j’ai commencé à aimer ce métier, pour la comédie. J’ai même hésité à faire l’école du cirque et à être clown !“.
Avec ce rôle, Olivier Gourmet retrouve également l’univers de ses premières amours, le théâtre où il a joué pendant huit ans avant de croiser la route du réalisateur Jean-Pierre Dardenne dans un jury au conservatoire de Liège. Une rencontre qui lancera sa carrière au cinéma avec le film “La Promesse” et lui permettra de remporter un prix d’interprétation à Cannes pour son rôle dans “Le Fils”, des frères Dardenne.
Pour sa première audition au théâtre, alors qu’il était encore étudiant au conservatoire, l’acteur avait d’ailleurs interprété Cyrano lorsque le directeur de l’opéra de Liège lui avait demandé de choisir un texte. “J’avais déclamé une partie de la tirade du nez que je connaissais par coeur depuis longtemps (…), raconte Olivier Gourmet. Je m’identifiais un peu à ce personnage qui a une vraie sensibilité, poésie, un trait d’humour, de l’esprit et un physique pas trop avantageux. On n’est pas tous parfaits physiquement ! Donc on s’identifie à ce genre de personnes qui ont un talent caché qu’on ne connaît pas toujours, et qui sont capables de grandes choses alors que souvent, on les met de côté.”
Invité d’honneur à Cinemania, c’est l’occasion pour l’acteur belge de revenir au Québec, qu’il connait pour y avoir séjourné quatre fois, notamment en 2006 pour le tournage du film “Congorama”, de Philippe Falardeau, qui sera projeté dans le cadre du festival.
Olivier Gourmet avoue néanmoins connaître assez peu le cinéma québécois, au-delà des quelques films qui s’exportent volontiers. “C’est dommage car il y a beaucoup de choses très bien qui se font ici mais elles ne sont pas encore suffisamment diffusées en Europe, regrette l’acteur. Du coup, on connaît certains réalisateurs québécois parce qu’ils ont été médiatisés en France mais c’est compliqué (…), même pour quelqu’un comme moi qui est cinéphile et se déplace pour aller voir les choses“.
Pour son prochain film, Olivier Gourmet devrait interpréter un philosophe communiste déçu par le régime khmer rouge de Pol Pot, sous la direction de Roman Polanski. Si le projet se confirme, ce sera donc le retour à un registre dramatique pour l’acteur parfois surnommé par ses compatriotes le “De Niro belge”.