Ils ont remporté les dernières Francouvertes, viennent de sortir leur nouvel album et se produiront sur scène à Montréal le 21 septembre pour son lancement. Rencontre avec un groupe de rap aux influences multiples.
Les six membres de LaF (diminutif du mot “famille” qui se prononce en épelant la lettre “f”), ce sont quatre Québecois et deux Français, trois rappeurs et trois DJ. Aussi indépendants que complémentaires, ils avouent qu’il est difficile de les interviewer tous ensemble. Nous avons rencontré les trois rappeurs du groupe : le Français Thibault de Castelbajac (alias Jah Maaz) et les Québécois Justin Boisclair (Bkay) et Thomas Thivierge (Mantisse).
C’est durant leurs études au secondaire que les six musiciens se sont rencontrés avant de décider de former un groupe au cours de leurs années au Cégep. Thibault de Castelbajac, neveu du couturier du même nom et son frère, Maxime, étaient installés au Québec depuis 2007. “Mes parents étaient tannés de la France, raconte le Français. Ils sont tombés en amour avec Montréal et le Québec et ont décidé de venir ici“. L’amitié construite sur les bancs de l’école engendre bientôt un projet musical. “En secondaire, on faisait beaucoup de free style ensemble, et c’est vraiment au Cégep que le groupe s’est formé même si nous étions amis avant cela“, se rappelle Justin Boisclair.
Quelques années plus tard, le groupe vient de sortir son troisième album (déjà), “Hôtel Délices”, un projet plus fusionnel que les précédents. “Sur Monsieur-Madame, notre premier album, on avait un studio commun où on allait se retrouver pour enregistrer mais (…) on écrivait davantage chacun de notre côté, explique Thibault de Castelbajac. Sur le dernier projet, on a décidé de changer ça et de se retrouver tous les six pour créer la musique ensemble, pour avoir une musique plus unie et aller plus loin“. Une démarche qui a porté ses fruits : un disque réussi dont certains titres très dansants, comme “Tangerine”, notre coup de coeur.
Bien qu’ancré sur le médium du rap, LaF aime cultiver son éclectisme. “Le stéréotype rap ne nous colle pas vraiment à la peau (…), commente Justin Boisclair. On a appris à écrire et mettre notre voix sur la musique à travers le rap. Après c’est l’fun quand on réussit à aller dans des avenues qui sont différentes. On peut s’en éloigner tout en y gardant nos racines”.
“On ne veut pas vraiment rentrer dans une case, renchérit Thibault de Castelbaljac. (…) On est tous assez ouverts, on a chacun des influences musicales différentes. BLVDR à la base, par exemple, était plus un DJ, il écoute beaucoup de house. Mantisse n’écoutait pas du tout de rap avant, il a plein d’influences qui viennent du rock“. Une variété d’inspirations qui s’ajoute à leur double nationalité. “Nos différences sont une de nos forces, car elles nous amènent ailleurs“, souligne Thomas Thivierge.
En mai dernier, le groupe décrochait le convoité concours des Francouvertes. “C’était une surprise parce-que c’est un gros concours avec de super bons artistes, se réjouit Thomas Thivierge. On y est allés avec le meilleur de ce qu’on peut donner.” Une belle performance pour les rappeurs. “C’est un concours qui a été remporté une seule fois avant nous par des artistes faisant du rap, explique Justin Boisclair. On est arrivés avec la musique qui sort de l’ordinateur, juste nos micros sur la scène et notre énergie. Il fallait convaincre les gens que notre proposition se vaut autant qu’une autre, c’était un peu ça le défi“.
Depuis cette première victoire, l’agenda du groupe s’est bien rempli avec une tournée estivale au Québec, le nouvel album sorti fin août et plusieurs shows de lancement dont l’un prévu au Ministère à Montréal le 21 septembre. “On prépare notre plus gros show de l’été (…). On va présenter une couple de tunes qui n’ont jamais été faites en live, annonce Justin Boisclair. Le spectacle va aussi être visuellement intéressant (…). On a beaucoup misé sur ce show-là et on a hâte de le présenter !“.
D’autres concerts sont prévus au Québec en septembre et novembre à Québec, Gatineau, et Saint-Hyacinte notamment (calendrier ici). Et pourquoi pas une tournée en France un jour ? “Idéalement on adorerait ca, moi le premier !” s’écrie Thibault de Castelbaljac. “On attend les invitations, on va les créer un jour ou l’autre“, abonde Justin Boisclair. L’appel est lancé en tout cas.