Chaque année, à la mi-août, tentez l’expérience: flânez sur n’importe quel marché du Québec et observez les gourmands en quête de blé d’Inde pour préparer leurs fameuses épluchettes. S’il y a bien une activité typiquement québécoise à tester en été, c’est celle-là! Vous ne devriez d’ailleurs pas avoir trop de difficultés à vous faire inviter à une séance, sinon invitez-vous. Et si vous ne savez pas ce qu’est une épluchette ni du blé d’Inde, vous êtes au bon endroit.
“À l’époque de la colonisation, les gens de la campagne profitaient des épluchettes pour se rassembler et se confier les derniers potins! Les gens de la ville, eux, discutaient sur le parvis de l’église le dimanche avant et après la messe”, raconte Corinne de la ferme Michel Meunier, devant sa remorque remplie d’épis de blé d’Inde ou de maïs, comme on a l’habitude de le dire en France. “Ce sont les colons Français qui ont appelé ça du blé d’Inde en débarquant ici. C’est vrai que lorsque ça pousse, le maïs peut ressembler à du blé! Et puis ils croyaient être en Inde quand ils sont arrivés en Amérique, d’où le nom “blé d’Inde” qui est resté…”, explique Corinne avant de préciser que les terres et les températures du Québec sont adéquates pour la culture du maïs “qui pousse facilement partout”.
L’Office québécois de la langue française précise aussi que le terme “blé d’Inde” a été employé en France pendant plus de deux siècles. “Son maintien en terre d’Amérique au 19e siècle, alors qu’il était devenu inusité en France, répondait à la fois à notre désir d’émancipation et d’indépendance, et à celui de nous appuyer sur nos racines françaises en réponse à tous ceux qui dénonçaient l’anglicisation de notre langue à cette époque.”
Toujours d’après l’Office québécois de la langue française, au Canada, la récolte du blé d’Inde donnait lieu à des réjouissances auxquelles on a donné le nom d’épluchette. “La forme épluchette semble nous être venue des régions françaises où on en trouve des attestations, bien que rares, au sens proche d’« épluchure », mais le sens d’« action d’effeuiller le maïs » ou celui de « fête à l’occasion de la récolte au cours de laquelle on effeuille le maïs » qui a dû en découler par extension, n’ont pas (encore) été trouvés dans les anciens parlers régionaux de France. Pour le moment, on peut conclure à une innovation sémantique canadienne.”
Simple, familial, convivial et festif, le temps des épluchettes n’est à manquer sous aucun prétexte. “Ça marque la fin de l’été et le début de l’automne! Le moment idéal pour s’adonner à une épluchette entre amis ou en famille, c’est vraiment mi-août”, confie Corinne avant d’ajouter qu’il faut compter en moyenne deux ou trois maïs par personne. “Quatre pour les gourmands! Il faut aussi prévoir un gros chaudron pour faire tout bouillir ensemble.”
Savourez, c’est encore l’été…